« L’inconscient d’une personne est projeté sur une autre, de sorte que la première accuse la seconde de ce qu’elle réalise en elle. Ce principe est d’une telle universalité que nous serions bien avisés, avant de critiquer autrui, de nous asseoir et de réfléchir à savoir si ce n’est pas à nous qu’il conviendrait de jeter la première pierre.»Carl Gustav Jung.
Cette semaine, nous allons tenter d'explorer certains mécanismes inconscients qui peuvent être à l’œuvre dans une relation en général et de manière encore plus exacerbée pour une relation de couple dans laquelle les sentiments et les attentes sont bien souvent démultipliés.
Comme à l'habitude, nous allons partir de nos propres expériences passées, et encore parfois présentes, pour tenter d’éclairer notre propos.
Tous deux pensons que plus nous faisons un chemin en conscience, plus nous nous élevons spirituellement. À contrario, plus nous sommes dans le mécanisme de l' «action/réaction», comme peuvent par exemple l'être les enfants par manque de maturité, plus le risque demeure important de rester prisonniers de schémas limitants voire anxiogènes.
Dans ce cheminement, la victimisation sera proscrite et nous prendrons alors l’entière responsabilité de ce que nous ressentons face à une situation vécue.
L’Autre ce miroir de moi-même.
De plus, très souvent, l’autre n’est pas ce que nous pensons qu’il est ! Dès lors, nous sommes constamment en train de faire des projections et nous voyons chez notre alter-ego ce que nous sommes nous-même. Tout l'effort consiste dans un premier temps à la prise de conscience d'une telle situation. Cela peut s'avérer si difficile tellement nous avons fonctionné ainsi depuis notre tendre enfance....
Alors, plus qu'il ne le faut, nous tombons dans la facilité de projeter nos tristes ténèbres sur l'autre ! Tant et tant de fois avons-nous tous préféré voir sur notre binôme nos propres travers....
Nous voilà alors englués dans le jeu de perfection du miroir que l'on se refuse à voir !
Chaque fois que se présente une problématique, il nous faudrait plutôt prendre en considération que nous en sommes aussi la cause et qu'elle est là afin d'être résolue.
De la sorte se dévoile à nous, individuellement puis collectivement, la meilleure des solutions qui, refoulée, ne ferait que s'accentuer. Chacun, bien souvent, préfère une fois encore, persévérer à se précipiter à l'extérieur d'une quête qui ne se déroule presque toujours qu'au dedans.
Trop systématiquement, nous complaisons-nous dans le rôle de l'infirmière ou du chevalier blanc, et ainsi à s'acharner de vouloir sauver les blessures de l'autre quand elles disent suffisamment que nous devrions commencer par nous occuper des nôtres. Peut-il y avoir un salut sans l'acceptation, même tardive, à chacun de se regarder tel qu'il est ? Probablement pas non !
Partant de ces constats, les relations peuvent largement s'éclaircir et devenir de formidables moteurs d’évolution personnelle. Si nous décidons de dépasser la notion de conflit et de regarder en soi ce que chaque dispute, chaque malentendu, chaque émotion provoquée par le comportement de l’autre viennent toucher en nous, nous allons pouvoir remonter à la conscience tous ces mécanismes qui nous régissent. Bien sûr aussi sortir du mode automatique, libérer l’autre de nos projections, lui permettant d’être pleinement lui-même et d’être aimé comme tel. En fait, retrouver notre souveraineté en étant beaucoup plus aligné à notre lumière qu’à notre ego qui se sent toujours jugé, rabaissé, abandonné, rejeté, mal-aimé, mal compris…
Bref nous grandissons et devenons mature émotionnellement parlant.
"Le plus souvent, les problèmes que l’on a avec les autres ne sont que le reflet de ceux que l’on a avec soi-même."Omraam Mikhaël Aïvanhov
Comment mettre en lumière ces mécanismes internes ?
Nous allons chacun vous donner un exemple concret touchant des problématiques qui nous sont propres.
Adélaïde: Pour ma part, j’ai longtemps eu un rapport à la nourriture déviant. Ayant fait un chemin de conscience vis-à-vis de cela, je sais que j’ai parfois encore tendance à me remplir de nourriture lorsque je ressens un vide par exemple, ou que je mange trop par gourmandise ou parce que j’écoute d’avantage mon mental que ma petite voix intérieure par peur de manquer.
Si Yan me fait la réflexion «Tu n’as plus faim, et tu continues de manger, tu devrais arrêter» et que je suis en mode automatique, je pourrais lui répondre «en quoi ça te regarde, es-tu dans mon corps pour savoir mieux que moi si j’ai encore faim ?» Ma première réaction pourrait être l'agacement vis à vis de Yan.
Dans cette réaction, je nie sa bienveillance initiale qui me fait cette réflexion pour m’aider à aller plus loin dans mon cheminement, mais en plus, je peux lui jeter la faute au visage «Occupe-toi de ce qui te regarde.» voire «t’es vraiment sournois pour venir me dire ça, tu te prends pour qui?».
Comme il appuie là où ça fait mal, selon mon niveau de conscience, je peux réagir de manière virulente. Je pourrais alors provoquer un conflit et de mon côté, m’enfonçant dans ma problématique, décider en plus de le provoquer par un jeu sournois en mangeant tout et n’importe quoi.
Si je prends à présent cette même réflexion sous l’œil de la relation miroir. Cette phrase ne me fait pas plaisir car elle montre une partie de moi que je tente tant bien que mal de me cacher à moi-même. Yan met alors en pleine lumière mon travers.
Si je suis en conscience, je regarde aussi cette partie que Yan me montre en étant authentique avec moi-même. «oui, il a raison, je m’arrête (ou je continue et j’essaierai de faire mieux la prochaine fois)»
Je peux alors le remercier de m’avoir aidée à me permettre d’être vigilante dans mes automatismes.
Dans cette situation, ce n’est pas Yan le problème qui amorcerait un conflit. Le problème, c’est moi avec moi-même et la réflexion que Yan m'expose cette problématique au plein jour.
Yan: De mon côté, j'ai développé dès mon plus jeune âge une certaine rigueur qui peut parfois dévier en une forme de rigidité.
Ayant, très tôt, été attiré par la philosophie et la spiritualité, j'en ai développé une certaine exigence morale à mon propre égard que j'ai tendance à vouloir quelque peu imposer aux autres. Il m'est parfois difficile de comprendre pourquoi les gens ne sont pas plus rigoureux envers eux-mêmes jusqu'à finalement risquer de me penser au-dessus d'eux ! Lorsque j'ai encore ce comportement, Adélaïde est toujours là pour me rappeler des choses que je sais pourtant déjà mais qui demeurent difficile à inclure à ma pratique. Comme savoir faire preuve de plus de tolérance et de magnanimité. Si je me laisse aller au mode «Pilotage automatique» alors, je risque bien de me braquer et de vouloir lui reprocher sa trop grande tolérance. À l'opposé, si je me rends compte et accepte que chacun est là pour faire son propre chemin et que je ferais mieux d'être plus à l'écoute et diplomate, alors non seulement cela travaille ma problématique mais de plus rend bien plus service à l'autre…
Chacun de nous deux y trouve ainsi son compte en tentant d'aller explorer le chemin arpenté par l'autre... Et d'identifier clairement les zones d'ombres persistantes en soi... et son partenaire.
La voie de l'évolution de conscience suppose la déconstruction de nos constructions mentales et de nos conditionnements, encore une fois le couple reste une belle possibilité de s’élever main dans la main si les deux partenaires sont dans la même quête et sont réellement prêt à se remettre en cause et à communiquer. Cependant toutes les relations peuvent être éclairées à la lumière de ce miroir avec chaque personne rencontrée.
Qu'est-ce qui m'agace chez l'autre? Pourquoi cette parole me touche? Pourquoi le comportement de l'autre me provoque cette émotion?
Autant de questions qui peuvent nous aider à éclairer nos propres zones d'ombres... Lorsque nous sommes entièrement "illuminés" seul l'Amour subsiste, les émotions se transcendent alors en sentiment et en paix intérieure inébranlable...Tout un programme !
Adélaïde et Yan.